Page 6 - La Gatineau 11 février 2016
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6 11 février 2016 LaGatineau
RANDONNÉE EN RAQUETTES AU PROFIT DE SUICIDE DÉTOUR
Près de 100 personnes ont célébré la vie
▲ Des participantes à la randonnée en raquettes organisée par Suicide détour et le Comité du parc des chutes de Denholm, avec la mascotte Tavie.
L’âge ne justifie pas l’exclusion
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
DENHOLM - Activité phare dans la région de la Semaine de prévention du suicide : une randonnée en raquettes était organisée samedi par Suicide détour et le Comité du parc des chutes de Denohlm. Une activité destinée à sensibiliser la population à la problématique du suicide, un sujet encore trop tabou, mais aussi à faire la promotion de l’activité physique au profit de la santé mentale, tout en faisant connaître encore plus le magnifique parc des chutes de Denholm.
Tôt le matin, un autobus mis à disposition par Suicide détour est parti de Maniwaki et s’est arrêté dans plusieurs municipalités pour emmener gratuitement des participants. À Denholm, le rassemblement s’est fait à la salle communautaire où il était possible de voir l’exposition itinérante d’affiches, de l’Association québécoise de gérontologie, sur le thème «L’âgisme, parlons-en !», ainsi que les œuvres de trois artistes de la région : Donald Doiron, Béla Simó et Denis Marceau.
Direction ensuite le parc pour prendre un bon bol d’air frais. Sur la tête des participants, on pouvait voir des tuques toutes plus
loufoques les unes que les autres. Un concours était en effet organisé sous le thème «Décroche un sourire avec ta tuque».
Près de 100 personnes ont pris part à la randonnée. C’est la Fondation LANI, de Gatineau, qui travaille sur le suicide chez les jeunes, qui a ouvert le parcours. À noter que cette dernière organisera prochainement une randonnée en raquettes, de Gatineau à Maniwaki, sur huit jours.
Pour Denis Marceau, président du Comité du parc des chutes de Denholm, l’objectif de la journée a été atteint à savoir «faire sortir les sourires». Tous les profits iront à Suicide détour et seront «réinvestis dans nos activités, précise Marie-Ève Tessier, intervenante. En tant qu’organisme, on doit soutenir les initiatives de membres de la communauté qui veulent se regrouper autour de la prévention du suicide.»
Outre le Comité du parc, Suicide détour est aidé par le groupe de motards Les Daltons. Ils ont eux-mêmes perdu une grande amie qui s’est enlevée la vie. Au Québec, chaque jour trois personnes décèdent suite à un suicide. Mais Denis Marceau se veut optimiste : «On dirait que cette année il y a un élan. Tout le monde se donne la main pour en parler. Je crois qu’on est en train de réussir à changer les mentalités et je suis très heureux de voir ça.»
MANIWAKI - Parmi les autres activités proposées par Suicide détour dans le cadre de la Semaine nationale de prévention du suicide, plusieurs étaient consacrées au problème de l’âgisme, qui peut parfois amener des personnes en souffrance à se retirer la vie.
Outre une journée de réflexion pour les intervenants sur la prévention du suicide chez les aînés et l’exposition itinérante «L’âgisme, parlons-en !» dans les Galeries de Maniwaki, une conférence était organisée la semaine dernière avec l’Association québécoise de gérontologie.
Il est important de ne pas considérer la déprime comme une conséquence normale du vieillissement. Les principaux facteurs de risque de suicide chez les aînés sont la pauvreté ; l’isolement social ; le veuvage chez les hommes ; les maladies chroniques, les handicaps physiques, la perte d’autonomie et la douleur chronique ; la dépression ; l’abus et le mauvais traitement ; les préjugés face à la santé mentale et aux services d’aide ; et enfin, l’âgisme.
Celui-ci regroupe toutes les formes de discrimination, de ségrégation et de mépris fondées sur l’âge. Il s’agit d’un processus
systématique de production de stéréotypes et de discrimination contre des gens parce qu’ils sont vieux.
Dans une société qui ne cesse de vouer un culte à la jeunesse, les chiffres parlent d’eux- mêmes. Selon une étude datant de 2012, 6 personnes sur 10 (63 %), âgées de 66 ans et plus, affirmaient avoir été traitées injustement ou différemment en raison de leur âge ; 8 Canadiens sur 10 convenaient que les aînés plus âgés (75 ans et plus) étaient considérés comme étant moins importants et étaient plus souvent ignorés que les générations plus jeunes ; un tiers (35 %) des Canadiens admettait avoir traité quelqu’un différemment en raison de son âge.
Toujours selon la même étude, les trois formes de discrimination les plus courantes auxquelles se heurtent les aînés sont : être ignorés ou être traités comme s’ils n’existaient pas (41 %) ; être traités comme s’ils ne contribuaient à rien (38 %) ; être perçus à tort comme des incompétents (27 %).
La lutte aux préjugés en regard des aînés et la valorisation de ceux-ci dans notre société sont une piste de prévention simple. La prévention du suicide, c’est l’affaire de tous.
Les jeunes sensibilisés
▲ Marie-Ève Tessier et Cathy Marinier, intervenantes à Suicide détour. Elles portent l’une des affiches faisant partie de l’exposition itinérante «L’âgisme, parlons-en !»
▲ Les jeunes des écoles secondaires de Maniwaki et Gracefield ont été invités par Suicide détour à écrire sur des cartes postales des mots d’encouragement pour les victimes d’intimidation.
LA GATINEAU - Autre groupe d’âge vulnérable face à la problématique du suicide : les adolescents. Des kiosques de sensibilisation ont été tenus la semaine dernière, dans les deux écoles secondaires de la région, par Suicide détour et des partenaires.
Faire de la sensibilisation auprès des jeunes est un volet majeur de la mission de Suicide détour. Dernièrement, un projet de prévention de l’intimidation, et plus précisément la cyberintimidation, a été mis en place auprès des élèves de secondaire 1, 2 et 3.
Dans le cadre de la Semaine nationale de prévention du suicide, Cathy Marinier, intervenante, a demandé aux jeunes d’écrire sur des cartes postales des mots d’encouragement pour les victimes. Il est possible de les voir sur la page Facebook de Suicide Détour.
En 2003, le jeune Ryan Patrick Halligan s’est pendu chez lui, au Vermont, après que des camarades de classe aient répandu de fausses rumeurs à son sujet sur le web. Ce n’est malheureusement qu’un triste exemple
parmi d’autres. Insultes, menaces, fausses rumeurs, photos, etc. La cyberintimidation peut faire des ravages chez les victimes qui vont de la dépression au risque de suicide en passant par l’obligation de changer d’école voire de déménager.
On estime que plus de la moitié des jeunes ont déjà été victimes de cyberintimidation, alors que près de la moitié s’est déjà servi des nouvelles technologies pour intimider une personne de son entourage ou un inconnu. La facilité et l’accessibilité sont probablement les principales raisons qui expliquent la popularité de la cyberintimidation. Or, alors qu’un jeune victime d’intimidation dans la cour d’école par exemple peut trouver refuge à la maison, la cyberintimidation le suit partout.
La solution la plus efficace pour contrer ce phénomène est probablement de sensibiliser, pour inciter les victimes à parler mais aussi faire comprendre à tous que la cyberintimidation n’est pas sans conséquence : outre le mal fait aux personnes intimidées, il s’agit d’un acte criminel qui peut entraîner des poursuites.


































































































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