Page 8 - La Gatineau 3 mars 2016
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8 3 mars 2016 LaGatineau
STAGIAIRES HANDICAPÉS À L’AUBERGE DU DRAVEUR
L’intégration sociale par le travail
SYLVIE DEJOUY
sdejouy@lagatineau.com
MANIWAKI - Trois jours par semaine, du mardi au jeudi, à l’Auberge du draveur, des stagiaires handicapés viennent donner un coup de main au personnel. Ils lavent les verres, le SPA et la piscine, les appareils du gym, aident à préparer les salles pour les réceptions, etc. Des tâches adaptées à leurs besoins et limites. Un bel exemple d’intégration pour lequel l’hôtel-restaurant a reçu récemment un diplôme de super-héros de la persévérance scolaire et une nomination pour le Prix pomme d’or de la persévérance scolaire qui sera remis au prochain Gala de la chambre de commerce.
Le projet a débuté en avril 2013, à l’initiative du Pavillon du parc. «On voulait développer un plateau de stage collectif, parce qu’on a beaucoup de clients qui n’ont pas encore les compétences pour aller seuls en plateau de travail, explique Annie Lafontaine, agente d’intégration au CISSSO Pavillon du parc. Et la problématique est que des fois les employeurs n’ont pas nécessairement le temps de les superviser, ça demande un investissement en temps et c’est ce qui faisait en sorte que des clients ne pouvaient pas aller en stage. Donc on voulait un plateau de stage collectif, idéalement dans la communauté, avec du vrai monde et de vrais employeurs, et on voulait qu’une superviseure soit embauchée seulement pour eux, pour que les stagiaires ne relèvent pas de l’employeur mais de la superviseure. Donc on a fait appel à Sphère Québec, dont le mandat est de promouvoir l’intégration en emploi des clients qui ont une déficience intellectuelle ou un trouble du spectre de l’autisme ou un handicap physique. Ils nous ont accordé une subvention pour un an, afin de payer une superviseure, Anick Renaud, qui a été embauchée en avril 2013 pour accueillir un groupe de stagiaires.»
Ces derniers, qui sont environ 10, proviennent du Centre St-Eugène, Centre Jean-Bosco, du Pavillon du parc, du CFER. Certains viennent avec leur accompagnateur. Chaque client en stage a un plan d’intervention socio-professionnel et des objectifs spécifiques. «Au début, avec Sphère Québec, on était ici cinq jours semaines, poursuit Annie Lafontaine. Au bout d’un an, avec les coupures, Sphère Québec n’a pas pu renouveler notre contrat.» Réjean Potvin, directeur du Centre St-Eugène, a alors proposé de recourir à une subvention du ministère de l’Éducation : «On est passé à trois jours semaine, mais c’est sûr qu’on veut le développer davantage dans l’avenir car on a une liste d’attente, explique-t-il. On va possiblement augmenter l’année prochaine car il y a une plus-value pour ces jeunes et pour la communauté.»
Aujourd’hui, le groupe de stagiaires est parfaitement intégré au sein de l’équipe de l’Auberge du draveur. «C’est vraiment un milieu inclusif, explique Annie Lafontaine. Ils sont reconnus, ils ont leurs chandails de l’Auberge du draveur. Ils n’ont pas de rémunération, car c’est un stage formateur, mais leur dîner est payé, ils ont accès à la piscine et au gym gratuitement. La plupart n’auront pas nécessairement la chance d’intégrer un stage ou un emploi régulier dans la communauté. Mais pour eux ici c’est leur travail. Nos stagiaires connaissent tellement bien leurs tâches que des fois des clients leur posent des questions et ils sont capables de répondre. »
Les effets de ce projet sont bénéfiques. «C’est beaucoup de valorisation, explique Annie Lafontaine. Ils ont le sentiment d’avoir un rôle social. Le matin ils se lèvent et s’en viennent travailler, ils s’absentent pratiquement jamais, ils prennent ça à cœur et c’est une grande source de valorisation pour eux. On touche à plein d’aspects, autant l’hygiène au travail, la gestion des émotions, la ponctualité.»
▲ Le groupe de stagiaires avec leurs accompagnateurs et, à gauche, Annie Lafontaine, agente d’intégration au CISSSO Pavillon du parc ; quatrième en partant de la gauche, Réjean Potvin, directeur du Centre Saint-Eugène ; à droite, Daniel Argudin et Anick Renaud.
Du côté de l’Auberge du draveur, le projet est également intéressant. Comme l’explique Daniel Argudin, «les petits détails dans un hôtel sont importants. Eux s’occupent des petits détails que mon équipe n’a pas le temps de faire.»
«Ça fait une différence pour l’Auberge, ajoute Annie Lafontaine. Mais aussi pour les stagiaires dans leur quotidien. Pour eux, c’est une belle preuve de reconnaissance.» L’objectif par la suite est que certains d’entre eux intègrent un stage individuel ou un contrat d’intégration au travail.
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